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Faut-il utiliser un masque anti-pollution lorsque l’on fait du vélo ? (lequel ?)
Test des masques JSP Filter Spec (± Pro)

Retour d’expérience et revue sommaire des normes FFP/FMP

Article mis en ligne le 3 février 2016
par aldoniel
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Pour celui qui est attentif, on voit de plus en plus de cyclistes avec un masque à particules sur la bouche. Pendant mes transports, j’en croisait un à deux par jour.
Dans le contexte des alertes à la pollution répétée, j’ai donc fini par essayer.

 Avis subjectif

  • À l’arrêt de l’effort, je n’ai plus cette légère gêne respiratoire, voir cette cette petite toux après avoir longtemps respiré à pleins poumons l’air pollué du coeur de la circulation.
  • Le masque que j’utilise est basé sur des filtres jetables après un usage de 8h normalement. Dans leur concept, l’efficacité de ces masques ne chute pas au fil du temps ; la respiration devient juste progressivement plus difficile. Dans mon expérience, un filtre tient un à deux mois.
  • Après deux mois, le masque vire de blanc pur à gris-marron. Quelque chose a bien dû être filtré...
  • Déclaration d’intérêt : je ne gagne rien chez JSP, manifestement j’y perds plutôt du temps (mais mes poumons me le rendent).
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Filtres FMP2 neuf à gauche, après 2 mois à droite

  Quel genre de masque ?

  • Bien évidemment, le seul type envisageable est un filtre à particules.
  • Il ne s’agit pas de filtrer « les gaz » (ou les vapeurs), car un gaz ne peut être neutralisé dans un masque que par une réaction chimique spécifique de chaque gaz. Il ne semble pas raisonnable de devoir changer régulièrement des cartouches de réactifs...
  • Tous les masques vendus aux cyclistes (car oui il existe un marché pour ça !) sont donc des filtres à particules. Intellectuellement, il n’y a rien de très incroyable à comprendre, les particules sont filtrées selon leur taille et le filtre se bouche progressivement tandis que les particules sont piégées à l’intérieur.

 Les masques pour cyclistes sont-ils efficaces ?

  • D’après ce que l’on peut lire sur Internet, lorsqu’on parle de pollution, on s’intéresse de particules PM10 etc., c’est-à-dire de l’ordre de 10 microns (µm). Dans la norme FFP1, les masques sont testés avec des particules de 0,6µm. Un masque FFP1 en filtrerait 78%, et un FFP2 92%. L’efficacité semble augmenter avec la taille des particules car on peut aussi y lire que « Pour une particule d’ 1 µm, l’efficacité du filtre est de 99,8% pour un FFP2 et de 99,9% pour un FFP3. »
  • Je dirai peu efficaces voire inefficaces. Les masques pour cyclistes sont généralement non-certifiés, ou parfois certifiés FFP1 maximum, le 1er niveau de protection. Rien ne garantit qu’un masque non certifié soit plus efficace qu’une écharpe, d’autant plus que la fabrication de ces objets nécessite un savoir-faire particulier.
  • Le point positif est que l’esthétique est plus ou moins étudiée (mais moins que l’ergonomie).

 Quels masques sont efficaces ?

  • Les masques pour professionnel bien entendu ! Ceux qui sont utilisés dans l’industrie et répondent à un cahier des charges et une certification.
  • Pour ma part, je roule à Paris avec un masque industriel certifié style FMP2. C’est moins cher que ceux pour cyclistes, ça marche beaucoup mieux. Ça arrête les particules fines à 94% La valve facilite l’expiration. (Mais l’inspiration est forcément gênée par le filtre, un FMP1 peut être apprécié si on roule >trentaine km/h en continu).

 Quels masques professionnels ne sont pas utilisables à vélo ?

  • Les masques FFP (masques « canard »). En effet, ceux-ci sont conçus pour un usage en position statique sans effort, typiquement en milieu médical. J’ai testé ça à vélo, autant dire que c’est la catastrophe.
  • l’absence de valve gêne considérablement l’expiration.
  • Ils ne supportent pas l’humidité de la transpiration et s’usent très vite, avec des fuites latérales au bout de quelques trajets. Je ne parle même pas de la pluie.
  • Toujours à cause de l’absence de valve, la vapeur expirée passe sous les bords et vient déposer une buée terrible sur des lunettes, rendant leur utilisation impossible.

 C’est quoi ton truc FMP2 ?

  • D’après ce document, il semblerait que ce soit l’équivalent de FFP2, le nom du standard étant probablement différent en fonction de la forme du masque. Je peux me tromper, car les normes de ne sont pas accessibles aux particuliers, mais le document précise la même efficacité que pour FFP2, à savoir qu’il y a 10 fois moins de particules qui arriveront au poumon de l’utilisateur que dans l’air ambiant.

 Tests

  • j’ai testé les modèles JSP Filter Spec (version filtre + lunettes) et JSP Filter Spec Pro (modèle filtre + masque).
  • Filtre avec valve expiratoire (indispensable à l’effort)
  • Le modèle avec masque est utilisable en été. Il protège très bien les yeux du vent et de poussière. Il n’est pas utilisable par temps frais ou froid, car trop de buée se forme à l’effort (quoique, à Paris, il y a trop de feux pour pouvoir faire un vrai effort, ce qui l’y rend plus utilisable).
  • Le modèle avec lunettes est juste parfait, absence de formation de buée. Les yeux sont moins protégés, mais ça reste excellent. C’est ce que je conseille. Il coûte dans les 15-30€ avec trois filtres. Il ne gène pas le port d’une cagoule en hiver.
  • L’inconvénient est que le filtre FMP2 gène la respiration. Ça reste acceptable mais tout le monde ne sera pas de cet avis (et pourront tester le filtre FMP1).
  • l’ensemble reste utilisable sous la pluie (mais s’il pleut très fort, je finis par virer le filtre).
  • L’ergonomie est excellente. C’est conçu pour être porté des heures. La version lunettes peut être portée sans le filtre, mais le masque non (il appuie alors trop).
  • Le traitement anti-rayures et anti-buée est correct sans plus.
  • La version masque n’est pas mal aussi pour éplucher les oignons sans pleurer...
  • Le masque a duré 4-5 ans chez moi, après, les branches en plastique ont cassé (ça a l’air réparable si on se donne du mal).
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JSP Filter Spec
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JSP Filter Spec Pro

 Mise à jour en déc. 2019 L’avis de l’ANSES

L’ANSES fut saisie concernant l’efficacité des masques anti-pollution pour cyclistes et a rendu un rapport en mai 2018.

 Méthodologie :

Leur avis repose sur une analyse de la littérature ainsi que l’audition (téléphonique) de personnes supposées compétentes sur le sujet (ex un directeur technique chez 3M ; un médecin radiologue dont le métier est légèrement éloigné du sujet, etc.).
Il comporte également une étude de marché des masques disponibles, qui se limite à la lecture des étiquettes des produits, et non pas à un quelconque essai en laboratoire .

 Leurs conclusions sont peu intéressantes :

  • le sujet n’intéresse pas grand monde, notamment les fabricants sérieux de matériel professionnel ( car il n’y a pas assez d’argent à se faire sur ce marché trop petit)
  • la littérature est très pauvre.
  • Les rares études réalisées souffrent de nombreuses limitations [1], de petits échantillons, et sont souvent non concluantes (les meilleures évaluent l’effet sur la santé d’une utilisation de quelques jours), .

Ils notent brillamment par ailleurs :

  • que le port des masques est gênant…, ce qui diminue leur efficacité en population générale (par rapport à un public professionnel formé).
  • Que les masques ne filtrent que les particules, et non la composante gazeuse de la pollution (ce que toute personne dotée de bon sens ou sachant lire une notice savait déjà)
  • Que comme tout un chacun, ils s’interrogent sur le danger de ses masques pouvant aboutir à une surexposition (de même que le port de la ceinture de sécurité conduit probablement à conduire dangereusement ;-) )

La recommandation finale est de moins polluer (ils avaient le choix avec moins respirer), et ne se prononcent pas pour le port où le non-port de ces masques.

Ils recommandent également aux fabricants de ne pas oublier d’apposer l’étiquette CE appropriée sur leurs produits, ce qui serait passible d’une contravention.

 L’avis final de Tonton Aldo sur cette synthèse :

Les auteurs ne concluent pas que l’utilité des masques est remise en cause comme on a pu le lire souvent dans la presse (dont on se demande s’ils ont lu le rapport), mais ils concluent seulement qu’on ne peut pas conclure car il n’y a pas d’études correctes sur le sujet.

Notes :

[1formulation polie pour dire que la méthodologie est pourrie et rend l’ensemble ininterprétable

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