y a quelques années, en regardant la télévision, j’ai critiqué des producteurs de statuettes en bronze à la cire perdue, ce qui m’a valu le commentaire bien placé : « et toi, tu sais le faire ? » (Bafouillement embarrassé de ma part sur le thème que je sais faire autre chose dans ma vie).

Et puis, sans connaissance aucune, d’après mes souvenirs de fort Boyard (c’était une épreuve), je me suis lancé. Comme ça. Une rapide recherche sur Internet ne m’ayant malheureusement apporté aucune information d’ordre pratique.
« Certains y arrivent, ça ne doit pas être plus difficile que ça ! ».

 Matériel

(frais engagés : rien, tout ceci se trouvant dans mes fonds de tiroirs)

• de la cire ordinaire diluée à la cire Babybel faute d’en avoir assez
• du plâtre de Paris ordinaire
• un creuset de fusion (fabriqué par mes soins il y a quelques années à partir d’un surplus de tôle de couverture, à défaut un fond de bouteilles à sirop en acier fera aussi bien l’affaire, après en avoir retiré le revêtement intérieur)
• papier, crayon, compas, règle [1]
• de l’étain et du plomb
• un fer à souder à température réglable
• une aiguille à cuir droite
• un ciseau et un marteau
• un four, un réchaud à gaz avec hotte aspirante
• une bonne recette de gâteau

 Étape 1 : création du modèle en cire

• faire bouillir de l’eau au bain-marie en plaçant une casserole contenant de l’eau dans une autre casserole contenant de l’eau
• faire fondre une quantité suffisante de cire dans la casserole centrale, puis laisser refroidir
• on obtient alors une plaque de cire d’épaisseur homogène, lisse et dure reposant sur de l’eau [2]
• découper dans cette plaque de cire avec un compas à deux pointes métalliques un disque, puis découper un disque central afin d’obtenir un anneau (utiliser le compas pour marquer, et l’aiguille à cuir pour découper)
• avec la règle et l’aiguille, découper des tasseaux
• utiliser un tasseau surnuméraire pour souder les pièces avec le fer à souder (technique habituelle de la brasure).

À noter que ne disposant que d’un fer à souder très basique, j’ai bricolé dans la foulée un régulateur de température pour ce dernier. Il suffit de récupérer un vieux potentiomètre de lampe halogène, et de monter dessus un câble d’alimentation et une prise électrique. C’est validé, sûr, et ça marche.

 Étape 2 : couler le moule en plâtre

• rien de très sorcier, ce moule étant à usage unique, il suffit de plonger la pièce dans du plâtre liquide, sans qu’elle ne touche les parois. Rien n’empêche cependant couler le moule en deux fois, pour le rendre réutilisable.
• Vous noterez que j’ai ajouté deux cheminées sur le médaillon, une pour couler le métal, l’autre pour l’évacuation de l’air.
• Le caisson était constitué d’une briquette en carton, contenant un sac plastique étanche.
• Le médaillon en cire était plongé au milieu du plâtre liquide, suspendu par une ficelle accrochée à l’une des cheminées.

 Étape 3 : fondre la cire

• attendre une ou deux semaine que le plâtre soit parfaitement sec, s’il est humide, ce sera un échec (récupérable)
• faire un gâteau, aux noix si possible car c’est meilleur, en laissant le moule en plâtre dans un coin du four. La cire, en fondant, va disparaître dans les interstices du plâtre poreux.

 Étape 4 : couler le métal

• par commodité, n’ayant pas assez d’étain, j’ai choisi un eutectique 63 masses Sn, 37 masses Pb, qui a l’avantage de présenter un point de fusion optimalement bas à 183°, ainsi qu’une teinte relativement brillante. (Globalement, on appelle ça de la soudure).
• Fondre l’étain en premier dans le creuset sur la gazinière, avec une bonne aération, puis ajouter le plomb, remuer.
• Verser dans la cheminée de coulée
• vérifier si besoin que suffisamment de métal a été versé avec une lampe et une épingle…

 Étape 5 : démoulage

• techniquement, le plâtre a été déshydraté par la cuisson, et a été ramené dans son état de base, avant que l’on y ajoute l’eau. Il est devenu très friable et se casse facilement. Si on le réduisait en poudre, il serait réutilisable comme au début.

Oh c’est beau !

Catastrophe, je n’ai pas mis assez de métal ! Il y aura raccord moche…

Peace and love !